Sous-titre : Brebis Galeuses. Dans un futur apocalyptique où une menace mystérieuse entoure des communautés humaines fortement fortifiées, deux adolescents débarquent dans un de ces villages. Il s’ensuit des péripéties sur la vie de groupe assez insipides, que des illustrations bien pensées ne parviendront guère à rattraper. BD dispensable.
Il était une fois…
Jugez un peu comment le quatrième de couverture vend cette chose :
« Les règles sont essentielles pour survivre dans la zone de danger. Même un enfant sait cela. Jusqu’à ce qu’il devienne adolescent… ».
Tu sens bien monter la pression là ? Hein ? Moi non plus.
Critique de Brebis galeuses
Je n’ai rien contre cette BD, que cela se sache. Surtout que je ne l’ai pas achetée. Je veux juste signaler au malotru qui me l’a offerte qu’il aurait pu y adjoindre la facture pour un éventuel remplacement. Parce que ce n’est pas du tout mon genre. Pas de SF, une apocalypse qui fait doucement sourire, des héros insupportables, je vous épargne la suite.
Revenons à nos moutons. L’environnement : futur proche, maladie qui a décimé l’humanité, des vilaines bêtes qui rôdent. Le lieu : Fort Apache, forteresse avancée dans la forêt d’où peuvent surgir ces méchants animaux. Les héros : les frères Goodwoody, musicos beaux gosses à qui la vie semble réussir. L’intrigue : ils vont devoir s’adapter et prouver leurs valeurs dans la « zone de danger » où toute erreur se paye cher.
Le résultat : une bande dessinée poussive et trop gentille qui se foire sur les deux tableaux. Ça n’interpelle ni ne fait peur ; en outre le réalisme des personnages (à part un ou deux) et leur franche camaraderie (ponctuée de quelques coups de pression) ne m’ont arraché aucun sourire. Allez, un point positif tout de même : Thomas Von Kummant a produit un dessin très agréable à l’œil. Le trait, assisté par ordinateur, laisse la place à de grandes planches qui représentent, souvent, de beaux paysages. Les couleurs, solaires, sont généreuses et offrent une belle bouffée d’air. Mais ça ne suffit pas à rattraper un scénario pâlot.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Forcément, le noble art de ce que je nomme le « survival engineering » est très présent. Et, en premier rang, il y a la nécessaire discipline justifiée par des impératifs d’une situation de guerre. Stress omniprésent, importance des routines, rationnement scrupuleux (médicaments, alcool, armes) de la populace, en fait un écart de travers et le risque de se faire bouffer tout cru augmente exponentiellement. Hélas, dix mille fois hélas, lorsque Le Tigre a vu arriver (en fin d’ouvrage) les ennemis, ce n’étaient qu’une bande de macaques blancs certes furieux, mais pas de quoi se faire pipi dessus.
Évidemment, ce n’est pas que la race humaine se meurt que les protagonistes vont changer en bien. A deux doigts de l’extinction, chacun a gardé ses vils réflexes, montrant par la même que la nature humaine reste une belle salope. L’antagonisme avec le conseiller municipal (corrompu jusqu’à la moelle), les minables histoires de cul, les programmes « prostitution contre médicaments », tout ça fait que je me suis plus d’une fois surpris à vouloir que la BD se termine par un carnage. Juste histoire qu’on en finisse.
Voilà. Les deux poncifs de ce genre de scénarios ont été allègrement pompés. Désolé de n’avoir pas fait plus d’efforts.
…à rapprocher de :
– Le titre est une sorte d’onomatopée sino-américaine qui marque un enthousiasme délirant, un peu comme nos deux héros avant qu’ils en prennent plein la gueule.
– Qui dit tome 1, dit deuxième tome. Très peu pour moi.
– A tout réfléchir, nos deux auteurs nous ont fait un ersatz de Walking Dead. Je préfère l’original, même dépourvu de couleurs.
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