Dans une grande ville américaine d’après-guerre, une expatriée française taille des p…euh son bout de chemin dans un environnement ultra sexué et amoral. Dessin de toute beauté malgré des protagonistes peu bandantes, ce journal traite de sujets originaux en plus de présenter une intrigue policière plutôt valable.
Il était une fois…
Tigre aime bien la présentation de l’éditeur, sobre et exhaustive :
« Clara, une petite expatriée française aspirant au rêve américain est obligée de se prostituer pour survivre. Elle va devenir l’intendante de la riche héritière d’un empire financier dont le mari ne rêve que de lingerie féminine, de bas nylons, de soumission et de féminisation. Clara finira par mener la danse. »
[si vous avez moins de 18 ans, ne cliquez pas sur les images hein ?]
Critique du Journal d’une soubrette
Comme le titre tend à l’indiquer, tout commence par la délicieuse Mademoiselle Fish qui, de nos jours, touche une partie de l’héritage de sa défunte tante Clara. Fish tombe donc sur une mallette dans laquelle se trouve le journal intime de tata. Et la vieille garce cachait bien son jeu ! Voici donc les aventures contées par ledit journal et mises en image par l’imagination de la nièce.
Arrivant à NYC sans le sou, Clara use de ses charmes et de l’image d’Épinal de la coquine made in France pour tenter de gagner quelques clopinettes. Hélas, le décès d’un district attorney (équivalent d’un procureur aux States) chez Madame Lucy va foutre son bégayant business en l’air, les flics l’ayant à l’œil. Pour ne rien arranger, Madame Stern (une autre maquerelle) va exiger de Clara qu’elle bosse pour elle. L’héroïne, pressée de toute part, mène alors son enquête pour savoir qui a occis le D.A. Ses recherches vont la conduire auprès d’une riche bourgeoise dont le désir est de faire de son « Charlie » une belle salope.
N’ayez crainte, le dénouement est finement trouvé, pas de souci de ce côté. Niveau dessin, c’est plutôt mitigé. D’un côté, les corps sont sublimes (ces chutes de rein sont à se damner), les personnages mâles transpirent le vice et les décors sont très réussis. Avec un trait crayonné de belle facture et un noir et blanc qui laisse place à une multitude de teintes de gris, le divertissement est total. Hélas, de l’autre côté, les visages de Clara et ses copines sont déroutants : non seulement certaines se ressemblent terriblement, mais elles restent foncièrement moches, leurs minois étant parfois finis à la truelle.
Xavier Duvet a sans doute accentué ces menus défauts dans la mesure où cet ouvrage est avant tout la vision contemporaine des histoires d’une femme par une nièce qui ne la porte guère en haute estime. Les traits seraient alors volontairement exagérés, donnant une impression générale de veulerie de certains et d’amoralité exacerbée des autres. Et, plus qu’une bande dessinée pornographique, il y a une forme d’art qui ne peut être ici niée.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le Journal d’une soubrette est d’abord la gentille déconstruction du rêve américain. Finis les glorieux temps où l’expat’ arrive les mains dans les poches, les lubies de McCarthy et la morale puritaine semblent avoir quelque peu plombé l’ambiance au pays de l’Oncle Sam. Il en résulte une ville loin des clichés flatteurs des pin-up girls des fifties, plutôt un endroit assez glauque où la haute société se cache pour faire ses cochonneries dans des bordels qui n’ont que l’apparence du glamour – à ce titre, chouette visite en fin de BD.
En outre, il faut savoir que Duvet a osé parler d’un sujet relativement tabou (à l’instar du nom de l’éditeur, hé hé) qu’est le travestisme. La fameuse « Charlie » dont la cliente entreprend l’éducation se révèle être l’époux de la femme. Lequel, depuis qu’il a été surpris en train de porter les sous-vêtements de sa bourgeoise, est traité comme une petite catin qui ne mérite qu’à se faire dominer. Gardé en cachette et soumis aux pires traitements (élargissement du trou de balle, repas pris dans la gamelle à chat, suçage de queue pour être embauché), Charlie se révèle progressivement le seul protagoniste apte à faire de l’ombre scénaristique à Clara.
…à rapprocher de :
– Dans la catégorie des journaux intimes qui basculent très vite dans la pornographie, avec une histoire et des illustrations moins bien léchées, Tigre vous renvoie vers les productions d’Ardem. Sur le blog, y’a par exemple La mauvaise élève ; Les films de Justine (Vidéos privées et Tournage amateur).
– Quant à l’art des pin-up et l’envers du décor de telles icônes, allez voir Exposition, de Noé. Un pur joyau.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD porno en ligne ici.
A savoir qu’il existe un site web légal pour télécharger cette BD de xavier duvet et bien d’autres totalement inédite et aussi (si ce n’est encore plus passionnantes et excitantes !! ) : xavierduvet.com
Ping : Noé – Exposition | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ardem – Tournage amateur | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ardem – La mauvaise élève | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ardem – Vidéos privées | Quand Le Tigre Lit