VO : Izu no odoriko. Quelques légères nouvelles d’un immense auteur japonais, Le Tigre qui ne fait que les choses à moitié (et encore…) va ici se concentrer sur celle à l’origine du titre. Petite pépite d’aventure et de mélancolie, on a du mal à imaginer que ce texte a été écrit dans l’entre deux-guerres.
Il était une fois…
Je propose de ne faire le pitch que de la première nouvelle, seule qui a laissé une empreinte dans l’esprit du Tigre : le narrateur, la vingtaine, nous raconte un pittoresque voyage aux alentours d’Izu. Il fait la connaissance d’une troupe avec qui il décide de partager ses pas. Comme le dit un de ses membres, de telles rencontres créent de fortes amitiés. Or, parmi le petit groupe il y a une magnifique jeune femme, la fameuse danseuse. D’auberges où ils passent la nuit aux sentiers parcourus pendant des heures, notre jeune homme va tenter d’apprivoiser la belle, avec ce que cela comporte en frustrations.
Critique de La Danseuse d’Izu
Cette œuvre est un recueil comportant cinq nouvelles made in Japan : La danseuse d’Izu, Élégie, Bestiaire, Retrouvailles et La lune dans l’eau. J’ai essayé à de nombreuses reprises de me concentrer sur les quatre qui suivent, toutefois mon attention s’est immanquablement effritée après le délice des presque quarante premières pages de lecture.
Pour faire rapide, lorsque Élégie semble parler du traitement fait aux morts, Bestiaire s’intéresse à la vie des animaux tandis que La lune dans l’eau parle d’un homme alité à qui la femme laisse un petit miroir afin que celui-ci, de sa chambre, puisse la voir jardiner. Quant à Retrouvailles, je ne suis pas allé au-delà de la troisième page. Pas bien du tout.
Heureusement, la première nouvelle justifie amplement d’acquérir l’ouvrage. Divisée en moins d’une dizaine de chapitres, Le Tigre a retrouvé le style de Kawabata qui lui plaisait tant : simple, empreint d’une certaine tristesse auréolée d’un vocabulaire intimiste mais précis, dialogues furtifs et narration à la première personne. Ça se lit comme une mini friandise et malgré l’écart des décennies (et la traduction tardive) les images prennent rapidement vie dans l’esprit du lecteur occidental.
Un bon moyen pour découvrir Yasunari K., en plus d’avoir une autre raison de l’octroi du prix Nobel à cet écrivain.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour impossible. Même si la danseuse d’Izu est loin d’être une petite allumeuse, elle produit un effet bœuf sur le narrateur. Le voyage avec elle est l’occasion de menus rapprochements, entre parties de go et randonnées (avec la fille qui reste obstinément deux mètres du héros) en pleine nature. Les discussions semblent parfaitement calibrées et courtoises, et le lecteur attentif pourra y déceler le jeu de la séduction d’une rare finesse.
Le spectre de la guerre. Dans une grosse partie des textes lus, les protagonistes y font référence : Tokyo en flammes, hommes revenant du front, corps portant les stigmates du conflit,… Et c’est à ce moment précis que Le Tigre est emmerdé aux entournures, car ne connaissant pas la date de publication de quelques nouvelles je n’ai aucun moyen de savoir ce dont nos protagonistes parlent. Alors de quels conflits il s’agit ? Deuxième guerre mondiale (peu probable) ; première guerre (le Japon n’y a pas vraiment participé) ; guerre russo-japonaise ; nombreux affrontements contre la Chine ? Toute aide est la bienvenue.
…à rapprocher de :
– De Kawaba, Le Lac m’avait laissé perplexe tandis que Les belles endormies est un petit chef d’œuvre.
– Sur les amours impossibles, j’ai souvent pensé aux Amants du Spoutnik, du très grand Haruki Murakami.
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