Adorable époux, plan cul qui tombe à l’eau, beau-papa trop prévenant, voici trois brèves du parquet. C’est-à-dire trois expériences d’un substitut du procureur qui a bien voulu me conter ses affaires les plus marquantes. Pas besoin de chercher sur internet des faits divers correspondant, Tigre a tout emmêlé avec une coupable mais nécessaire allégresse.
American Psycho IRL
Marie bénévolait [laissez-moi inventer les verbes que je veux] dans une association d’insertion de détenus. En prison, elle a sympathisé avec l’un d’entre eux. S’ensuivit une intense relation épistolaire. Les premiers sentiments. Les promesses. Un mois après sa sortie, le mariage. L’installation dans la maison. Le douloureux désenchantement : Jacques est un fou furieux, paranoïaque de surcroît. Tellement fourbe que Marie le soupçonne rapidement d’empoisonner l’eau qu’elle boit. A tel point qu’elle cache des packs d’eau minérale dans le coffre de sa Peugeot. Et prétexte des oublis dans la voiture pour régulièrement s’hydrater.
Les seuls moments de détente sont ceux pendant lesquels son mari va faire des courses. Les muscles de Marie se relâchent alors devant la télé, même les pires unes des journaux télévisés ne l’atteignent pas. Elle devrait. Car une fois, Jacques fait semblant de partir. Il prend un fusil et entre en douce dans la maison. Il se dirige en douce vers sa proie et rapproche le canon du fusil à deux centimètres de la tête de Marie. Tire. Verdict des assises : trente ans, période de sûreté de vingt-deux années.
Disparition extrêmement inquiétante
– Monsieur le substitut ? Ici la gendarmerie. Nous avons une femme dans nos locaux qui vient de rapporter la disparition de son petit ami.
– Depuis quand il n’a pas été vu ?
– Elle ne l’a jamais vraiment vu en fait.
– Comment ?
– Ils se sont rencontrés sur un site de rencontre en ligne il y a une semaine. La femme nous a affirmé qu’ils sont amoureux. Et il était censé passer le week-end chez elle.
– Et alors ?
– Il ne s’est jamais présenté à la gare.
– Elle a au moins essayé de l’appeler ?
– Oui. Ça ne répond pas.
– Comment ça ? Le portable est coupé ?
– Non. Il y a une tonalité mais le gars ne décroche pas.
– Et vous m’appelez seulement pour ça ?
– On est tenus de vous le signaler. Au cas où. On fait quoi ? On attend que la dame parte et on appelle le gars depuis nos locaux pour être sûr ?
– Pas besoin. Si ça se trouve elle n’attend que ça.
Moralité : faites gaffe si vous posez un lapin à une chieuse finie.
Zézette et les araignées
Léa, petite fille de quatre ans, est atteinte de mycoses vaginales. C’est souvent le cas après des années dans des crèches où changer les couches n’était pas la priorité. Exceptionnellement, c’est la grand-mère paternelle de Léa qui lui applique de la crème pour la soigner. L’aïeule tique quand Léa lui sort « ah mamy, tu fais comme copain de maman qui regarde ma zézette. Mère-grand veut en savoir plus. Léa explique que Guy, le beau-père, regarde en effet dans sa zézette pour voir s’il n’y a pas d’araignées, et y met son nez pour en être bien sûr.
Expertise médico-psychologique sur la petite, qui face au grand monsieur en blouse s’est braquée. Examen médical : hymen intact. Finalement, Léa répète ce qu’elle a dit à sa mamy lors d’une audition Mélanie dans un hôpital – prénom de la première fille qui a été interrogée dans un lieu à l’allure de chambre d’enfant (nettement moins anxiogène) et constamment filmé.
Le père de Léa appelle le commissariat parce que dans deux jours il est censé laisser son ex-femme prendre la petite pour quinze jours. Il va refuser mais craint qu’une plainte soit déposée contre lui pour enlèvement.
[Tous les prénoms des protagonistes ont été, bien évidemment, attribués au hasard]
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En tant qu’apprenti juriste, je dois avouer que je suis toujours surpris de ce que la justice peut parfois révéler sur l’Humanité dans ce qu’elle a de plus sourcillotracteuse.
Dans ce cas, tu vas adorer les autres cotes mon ami.